Accueillir les cendres du défunt

Répondant à des préoccupations écologiques, philosophiques et religieuses aussi bien que pratiques (prix moindre, pas d’entretien de concession…), la crémation représente près de 39 % des obsèques en 2019 (source : Association Crématiste de France). 50 % des français interrogés en 2014 déclaraient avoir l’intention de choisir l’incinération pour leurs propres obsèques (source Credoc).

Face à cet engouement pour la crémation, les cimetières s’adaptent et repensent leur aménagement pour donner naissance à un espace à part entière : l’espace cinéraire. Alors quels aménagements pour accueillir les cendres des défunts ? que dit la loi ? Stradal fait le point…

Que dit la Loi pour la destination des cendres ?

La Loi 2008-1350 a posé les principes fondateurs pour conférer un statut aux cendres.

Les cendres doivent être traitées avec le respect dû à une dépouille mortelle. « Les restes des personnes décédées, y compris les cendres de celles dont le corps a donné lieu à crémation, doivent être traités avec respect, dignité et décence. » (Art. 16.1.1 du Code Civil).

En conséquence, il n’est plus possible de conserver chez soi une urne cinéraire. L’article L 2223-18-2 du CGCT explicite la destination des cendres :

  • L ‘urne cinéraire peut être inhumée dans une sépulture, déposée dans un columbarium ou scellée sur un monument funéraire.
  • les cendres peuvent être dispersées dans un espace aménagé (jardin du souvenir, puits de dispersion…) dans le cimetière ou dans un site cinéraire.
  • Elles peuvent également être dispersées en pleine nature.

Selon la loi n° 2008-1350 du 19 Décembre 2008, chaque commune de plus de 2000 habitants doit se doter d’un espace cinéraire destiné à l’accueil des cendres des personnes ayant été incinérées. Dès lors, « le conseil municipal peut décider l’affectation de tout ou partie d’un cimetière au dépôt ou à l’inhumation des urnes et à la dispersion des cendres des corps ayant fait l’objet d’une crémation. » (art. R 2223-9 du Code Général des Collectivités Territoriales).

D’après l’article L 2223-2 du CGCT, ce site cinéraire doit comporter « un espace aménagé pour [la] dispersion [des cendres] et doté d’un équipement mentionnant l’identité des défunts », le plus souvent une stèle portant les noms des défunts, « ainsi qu’un columbarium ou des espaces concédés pour l’inhumation des urnes ». Les communes ne sont donc pas obligées de disposer à la fois d’un columbarium et d’un champ d’urnes.

Quels aménagements pour accueillir les cendres ?

Dispersion des cendres 

Les cendres peuvent être dispersées dans un espace réservé au sein du cimetière : le jardin du souvenir ou le puits de dispersion. L’absence de sépulture personnalisée peut alors rendre plus difficile la démarche de deuil. L’aménagement du jardin du souvenir vient dans ce cas en soutien du processus de deuil. Des éléments naturels (arbustes, rochers…) peuvent servir de repères visuels à la famille lors de la dispersion et leur fourniront un moyen d’identifier l’endroit où « se trouve » le défunt.  Mentionner l’identité du défunt peut se matérialiser sous diverses formes. Les stèles ou totems sont les plus courants mais de nouvelles pratiques voient le jour, en lien avec l’évolution de la société civile (bornes informatiques, projection des noms…).

Urne placée en caveau familial

L’urne cinéraire est placée aux côtés des cercueils dans une concession funéraire traditionnelle. Dans ce cas, le cimetière n’a pas besoin de prévoir un aménagement particulier. Il est envisageable de prévoir, dans le règlement du cimetière, un « vide-sanitaire » dont l’intérêt est de dégager un espace supérieur dans la concession, pour y inhumer des urnes funéraires.

Urne placée en columbarium

Les urnes sont disposées dans des cases individuelles ou familiales ; le plus souvent, les cases sont prévues pour recevoir 2 ou 3 urnes, mais certains modèles peuvent en accueillir jusqu’à 6. Les dimensions des urnes n’étant pas standardisées, il se peut que des cases prévues pour 2 urnes ne puissent en accueillir qu’une seule de grande taille ou de forme originale. Il peut alors être prudent, lors de la construction du columbarium, de choisir des cases d’une taille légèrement supérieure à celle souhaitée initialement.

Comme la part de la crémation augmente, il est conseillé dès la mise en place du columbarium de réserver un espace pour son extension future ; prévoir un système évolutif à base de cases modulaires qui s’ajouteront au monument existant évitera d’avoir à installer un nouveau columbarium complet.

Urne placée en réceptacle d’urnes (champ d’urnes). 

Le réceptacle d’urnes (aussi appelé cave-urne, casurne ou caveautin) est une sépulture cinéraire. De taille réduite (moins d’1 m², même pour les plus grands modèles), le réceptacle d’urnes est généralement enterré, laissant alors affleurer sa dalle supérieure pour recevoir fleurs, photographies ou dédicaces. Le réceptacle d’urnes a l’avantage de pouvoir être posé individuellement ou de s’intégrer à un mur ou un élément architectural.

Le Ministère de la Cohésion des Territoires a réalisé à l’attention des Collectivités, un Guide des recommandations relatif aux urnes et sites cinéraires. Ce document peut faire l’objet d’actualisations selon l’évolution législative funéraire :  Télécharger directement le pdf en version 12/2018